Dans la Wakhjir valley
Après avoir traversé la rivière à dos de cheval, nous remontons la vallée de la Wakhjir, un paysage sauvage dune beauté extraordinaire. Quel joyeux tintamarre est-ce que j’entends ? Nous croisons une caravane de Kirghizes, cest la transhumance estivale et à flanc de montagne, un berger et son troupeau de chèvres montent au pâturage. Après une incursion de 4 heures dans cette large vallée, nous installons notre campement sur un terre-plein près de quelques maisons. Sensuit une journée de repos Il pleut (la seule fois de tout notre voyage), mais cela nentame en rien mon moral. Quon se le dise, la Bretonne ne craint pas la pluie ;-).

Jai soif de découvrir lAfghanistan et dapprendre sur ce pays que je parcours à pied. Attirée comme un aimant par le Wakhjir Pass (4927m), poste-frontière vers la Chine, dont le passage nous est strictement interdit. Je marche sous un crachin pendant 3 heures avant de faire demi-tour. Il est inutile de pousser plus loin, lhorizon est complètement bouché ;-). De plus, les villages sont déserts, les Kirghizes ont déjà rejoint leurs campements dété.
Le lendemain matin, grand ciel bleu
Tous les sommets sont saupoudrés de neige, cest juste grandiose. Je me balade dans ce petit village lorsque quelquun me hèle et me fais signe de le rejoindre. Je me déchausse à lentrée de la maison en terre aux murs épais. Dans un coin de la pièce unique, un tapis recouvre le sol de terre et je minstalle à côté de Christine autour de la » table » (nappe étalée par terre) où sont disposés du pain afghan et des bols de crème bien épaisse. Miam.
Le chef de famille moffre un bol de thé au lait salé et me prépare une grande tartine de pain nappée dune belle couche de crème. Je mords dedans à pleines dents. Un vrai délice ! La meilleure tartine de toute ma vie (si si, à côté la tartine de nutella, cest de la gnognotte !). Ma madeleine de Proust. Je savoure cet instant. Les photos attendront, ces moments dhospitalité sont trop précieux. Autour de moi
La famille, toutes générations confondues, est réunie
Les enfants samusent… Une femme donne le sein à son bébé. Je suis submergée par lémotion. Ce foyer respire le bonheur !

Soudain, le chef de famille se lève, les femmes ramassent les bols, la nappe est enroulée avec le pain dedans. La vie continue
Dehors, cest le branle-bas général
Cest le jour du déménagement vers le campement dété
Tout ce que possède la famille doit être attaché sur le dos des yacks. Cest-à-dire des ustensiles de cuisine, une parabole satellite, une yourte et des milliers de couvertures 😉
Une dernière fois, on vérifie le chargement, léquilibre des charges. Et voilà, cest parti
De mon côté, je rejoins mon groupe pour un second petit déjeuner

Trek pour Sarhad-e Broghil, par la Haute route
Il est temps de revenir à Sarhad-e Broghil où une source deau chaude torride nous attend ;-).
Pour ce faire, nous prenons un itinéraire différent de celui de laller, soit la haute route, qui nous fait passer par 2 cols :
- lAqbelis à 4595m couvert de fleurs
- lUween-e-Sar à 4895m, enneigé.
Cet itinéraire nous emmène loin de la rivière Wakhan, mais en plein cur des montagnes arides.
Pas âme qui vive, mais jaime cette sensation de solitude, de liberté et d’isolement.
A nouveau 5 jours de 4×4 pour rejoindre Douchanbé, terminus de notre périple
Nous avons refait en sens inverse la route jusquau Tadjikistan.
Afghanistan, corridor de Wakhan et alors ?
Je ne vais pas vous décrire ces hauts plateaux herbeux sans fin, bordés de montagnes enneigées, où paissent moutons, yacks et chèvres et où se plaisent aussi les marmottes, ni ce chapelet de lacs translucides dans leur écrin minéral, et encore moins ces vallées ou cols tapissés de fleurs jaunes, orange, roses, violettes, ou ces chemins traversant des parterres de plantes aromatiques (ciboulette sauvage) aux odeurs enivrantes. Sans parler évidemment de tous ces campements dans lun des plus spectaculaires paysages de montagne Car le point fort de ce voyage restera pour moi les multiples rencontres dans cet espace hors du temps. Ce voyage ma permis de découvrir le quotidien de ces populations reculées vivant pour certaines à plus de 4000m daltitude dans des conditions très rudes. Que ce soit chez les Wakhis ou les Kirghizes, la porte a toujours été grande ouverte parce que je suis une femme (pour une fois, que cela a des avantages ;-)). Laccueil a été au-delà de mes espérances, à tel point que parfois jai eu limpression de faire partie de la famille le temps dune journée.

Après moult hésitations, je suis finalement heureuse de publier mon récit sur Tekenessi car, dune part c’est un peu grâce à Laurent qu’est née ma passion des voyages et des rencontres et dautre part, pour les Afghans, car ils méritent quon parle deux et de leur hospitalité légendaire. Cest un peuple martyrisé, mais aimant qui ma énormément touchée
Je suis revenue riche de nouvelles amitiés. Tashakor.
Est-il inconscient de partir en trek en Afghanistan ? Je ne sais pas
mais jespère quun jour on pourra à nouveau circuler librement à travers Le Monde.
Comme aimait à le dire Shimon Pérès : » Le processus de paix ressemble à une nuit de noces dans un champ de mines « .
Voilà, c’est tout pour cette fois-ci 😉

Pour la galerie complète, direction le Corridor de Wakhan…
Martine