Actualités / 5 juin, 2021

Orbital K2, premier retour

Je reste toujours un peu discret sur l’itinéraire. J’aime bien, cela donne un petit air secret à l’Aventure. Mais là je suis de retour, je pourrais en dire plus, beaucoup plus.

Non, désolé, ça ne va pas être possible.

Parce que tout ne s’est pas passé comme prévu, c’est aussi cela lAventure.

Au début étaient la planification, l’itinéraire et la pulka à tirer.

En fin de compte était toujours l’Aventure, mais la météo a grandement fait évoluer l’itinéraire. La planification a explosé en vol et le pulka est restée lourde, effroyablement lourde !!!

Météo

2021 a été un hiver sans neige pour le Nord Pakistan, premier constat.

Une fois sur place, ce qui manquait de neige a décidé de tomber, second constat.

De ce fait le trek du village de Shimshal à la snow line (lieu où l’on peut enfin chausser les skis) s’est un peu transformé en un trek de forçats.

Au col éponyme, nous avons eu le droit à certains passages où l’on s’enfonçait jusquaux hanches, et je fais toujours 1m86.

Très dur à 4700m, toute mon admiration pour les porteurs qui nous ont aidé à rejoindre cette fameuse snow line.

Babar (si si, c’est son vrai prénom) nous a bien montré la snow line où il avait déposé Pierre il y a quelques années. Mais bon, c’était il y a quelques années…

En ce printemps 2021 ce n’était qu’un beau champ de roches.

Il a fallu discuter un peu et être convaincant pour pousser plus loin la dépose. Dans le cas contraire…je ne préfère pas y penser.

Un petit bout de neige dans les blocs au cur des pénitents de glace et à l’approche de la nuit, un lieu est choisi comme snow line. Il va falloir faire avec.

Très franchement, c’est tout sauf une snow line, mais nous avons bon espoir que ce corridor nous y amènera.

Je vous épargne les différents soucis pour rejoindre la neige, mais bon, tout rendre dans l’ordre. Même si ce démarrage nous met dans le grand bain assez rapidement.

Et la météo ?

Oui, c’est vrai…il fait très beau, moral lui aussi au beau fixe.

Quelques cirrus font leur apparition, oui, très bien, ce sera plus sympa pour les photos.

Mais il ne faut pas sous-estimer les cirrus en Himalaya, particulièrement au Pakistan.

La neige tombe donc en quantité, pour rattraper cet hiver sans neige ?

Le bas du glacier de Braldu (celui côté Shimshal, pas celui d’Askole) est dune largeur conséquente et n’a rien à envier à Concordia au Baltoro. Même au GPS, impossible de se repérer, c’est beaucoup trop large, il faut donc prendre le temps et attendre des jours meilleurs. Et l’on a de la nourriture en conséquence.

Le beau revient, avec son ami le vent, fort, froid et de face.

La Pulka.

Impossible de l’oublier celle-ci.

Sur une neige compacte, comme nous avions entre les pénitents et avant les premières chutes de neige, rien de spécial. Un travail de forçat, mais largement réalisable.

Et puis la poudreuse est arrivée. Les skis parquent alors une petite gorge dans laquelle la pulka ne se met plus à plat. Elle s’incline et reste de biais.

Elle glisse mal et finit par changer de rôle, se transformant en ancre. A cette altitude et avec les pentes qui se redressent, il faut bien se rendre à lévidence : on n’est pas tous Mr Horn.

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Dans un premier temps, farter les pulkas (comme les skis) et il faut trouver une solution entre deux tempêtes de neige.

La plus simple, diviser le poids des pulkas et faire des allers-retours pour tout transporter. C’est absolument splendide pour l’acclimatation mais catastrophique pour le timing.

Les heures s’égrènent, mais les distances parcourues restent infinitésimales par rapport à la planification. Il faut se rendre à l’évidence, il faut changer l’itinéraire.

Le col est à vue, celui du Lukpe la, mais il faut encore quelques jours pour le rejoindre.

Dans la pente, il faut creuser des plateformes pour la tente et les camps s’enchaînent avec une ultime nuit à 5500m.