Deosai (ski) – Le retour…
Direction le plateau du Deosai pour une nouvelle découverte.
Toujours grâce à l'indépendance que procure le ski-Pulka.
C'est parti...
Les voyages de reconnaissance ou d’encadrement se déroulent toujours très bien. Toujours !!!
Bon, d’accord, il y a les 1% où tout ne se passe pas exactement comme prévu.
De mémoires, si mes souvenirs sont bons :
Et puis grosso modo, c’est à peu près tout. Bien entendu, j’ai été obligé de faire avec les sangsues, les crevasses, la pluie…mais là toutes ces joyeusetés font partie du voyage.
Mais avec le Nanga Parbat, j’ai mis la barre assez haute, du moins je le trouve.
Vous pouvez relire mon précédent retour sur ce voyage. Tout n’était pas simple, mais ce tour du Nanga Parbat restera un splendide itinéraire.
Donc tout se passait bien, physique, mais bien. Et puis Houston arrive vers moi avec son fameux » Big problem « , ah oui, encore…Mais cette fois, il court partout cherchant une corde. Il doit donc y avoir réellement un problème, mais lequel ?
Je découvre rapidement que l’un de nos gros sacs, celui qui nous suit, est tombé dans le torrent.
Pas un petit torrent de montagne, limpide dans lequel on aime y tremper les pieds. Non de l’eau en furie, boueuse à souhait.
Deux options, soit mon sac, soit celui de Martine…bon ce sera le mien. Un bien dans un mal…
Il est coincé par des branches sous un bloc.
Mais au lieu d’attendre la corde, tout le monde se sent surhumain et essaie de tracter le sac hors de l’eau. » Eh les gars, une fois plein d’eau, ce n’est plus 20kg, mais beaucoup, beaucoup plus « …Ce qui devait arriver arrive, tout ce beau monde lâche le sac et je le vois flotter avant de disparaître complètement.
Trois énormes » Merde » tonitruants (plus quelques jurons) et il faut se rendre à lévidence, je n’ai plus rien…
Je remonte sur le sentier, et je sens que je vais vraiment ménerver !!!
Un rocher a dévalé la pente et tapé dans un âne, le tuant, et faisant tomber mon sac. Bon, je ne peux plus autant m’énerver que prévu. Ce n’est qu’un sac, là c’est un animal et une grosse perte pour eux.
Donc, je temporise :
Je reste dans mes pensées jusqu’au camp, je suis assez tendu malgré tout…
Une fois au camp, je compte les ânes, ils sont tous là…c’est quoi cette embrouille ?
Nouvelle volée de questions. Les réponses changent au fur et à mesure de la soirée, ils me prennent pour un idiot. Personne n’assume son erreur, chacun se renvoie la balle.
Alors les gros durs qui me cassent les pieds avec les photos de la gent féminine, on perd de sa splendeur. Barbe fournie ou pas, on reste de petits enfants devant une bêtise…
De toute façon, cela ne fera pas revenir mon sac !!!
Certains me diront : » Mais on ne met jamais ça dans le gros sac !!! « , OK, donc si je mets tout dans mon petit sac, cela va me servir à quoi d’avoir un gros sac. Je sais très bien ce que c’est de tout porter lors de mes reconnaissances au Népal…
Il va donc falloir apprendre à redevenir très rustique, vraiment très rustique.
Le sol devient donc de suite beaucoup plus dur avec un micro tapis bleu comme matelas. Pas un vrai Karrimat, non une mousse qui sert d’isolant en temps normal.
Au village de Kutgali, Jamar (guide local) connait un berger qui a un sac de couchage et une tente. Je suis sauvé…
Bon, pour le sac de couchage, c’est celui qu’un berger pakistanais utilise régulièrement.
Sans vouloir être méchant, je n’ai rarement senti une odeur pareille. La première nuit est, comment dirais-je, compliquée. Il faut s’habituer à cette nouvelle donnée, et ne pas oublier de l’aérer à chaque camp.
Positivons, je suis au chaud, c’est déjà ça, non ?
Point positif, je suis super rapide pour me préparer…Et hop, debout et prêt, facile.
Les jours s’enchaînent, les habits commencent à s’imprégner tout doucement de mon odeur, mais cela reste supportable…
Par contre au niveau des chaussures, je ne peux pas en dire autant. Il fait chaud, je n’ai que mes chaussures de trek, donc les chaussettes se rapprochent plus du carton que de la cotonnade légère.
Mais, je fais avec, les autres aussi ;-).
Dernier jour de trek, Fairy Meadows, je fais sécher chaussettes (du moins ce qu’il en reste), semelles et chaussures et je me balade pieds nus dans l’herbe. L’odeur devenant certainement très alléchante, une belle petite chèvre blanche veut y ajouter sa contribution et me pisse sur une semelle.
Donc là, pour rentrer à Islamabad, je dois aussi faire avec lodeur puissante de l’urine de chèvre, vraiment la poisse…
La nuit porte conseil…pas vraiment. Une belle secousse sismique de 4,6 et tout le monde dehors. Les rochers dévalent non loin de là, mais il fait nuit noire, impossible de savoir où…
Heureusement, la lèvre de la moraine tient bon. Aucune envie de me retrouver 200m plus bas…
Retour à Islamabad, faire le point de ce qu’il est important de racheter, commander sur le net depuis le Pakistan et finir depuis chez moi pour tout le reste. Je n’ai que 5 jours, avant de repartir au Népal, ça va être la course, mais c’est possible. C’est une perte financière relativement importante, je l’avoue.
Et les assurances ? Eh bien pour une perte de bagage il faut donner le nom du transporteur pour faire une réclamation. Comment dire…bon vous avez compris, je peux masseoir dessus.
J’allais oublier, j’ai aussi fait basculer une petite pierre qui en bloquait une beaucoup plus grosse. Adieu les jambes si je ne fais rien. Donc tel un chat, je plonge dans les éboulis (raides les éboulis) pour éviter la catastrophe (je n’ai plus de téléphone satellite) et je m’écrase lamentablement dans la roche, coude et tibia en sang…
Il faut que j’admette que je ne bondis plus vraiment comme un chat, non, hélas. Je ressemble beaucoup plus à un vieux yak, moins joli à voir…
Un voyage magnifique malgré tout…
Que cela ne vous empêche pas de partir en Himalaya ou ailleurs.
Pour moi, un bagage perdu en 25 ans…je fais la part des choses.
Bon voyage.