Actualités / 9 mars, 2011

Le travail des enfants dans le monde, B. Manier

Le trek, qui permet de sortir des visites conventionnelles, nous propulse face à une réalité déconcertante : le travail des enfants. Le voyage se déroulant en général dans des milieux ruraux isolés ou parmi les nomades, nous ne sommes confrontés qu’avec une facette de ce travail : l’aide des enfants aux travaux familiaux journaliers. Que ce soit le portage de l’eau, la garde des troupeaux ou un réel travail au contact des touristes : chameliers, aides…ce travail ne nous questionne pas moins.

Bien entendu le travail des enfants à d’autres aspects. Le passage par de grandes villes en est souvent le reflet : petit travail dans tous les domaines informels (cireurs, vendeurs à la sauvette, guides occasionnels…). Mais il existe aussi des activités parmi les plus dégradantes pour l’enfance, et beaucoup moins visibles : le travail industriel, le travail de force (mines), la domesticité, l’enrôlement dans les guerres et l’exploitation sexuelle.

Ces derniers exemples, les plus insupportables, sont très bien décrits dans cet ouvrage où B. Manier en décortique les rouages et mécanismes dans sa 3iéme édition. Une prise de conscience mondiale semble nécessaire, pour sortir de ce cercle pernicieux de la paupérisation d’où nous avons pu nous extraire avec les avancées sociales.Mais revenons aux rencontres lors de nos voyages. En effet, le sujet est plus complexe qu’il n’y paraît.

L’auteur nous dévoile une grille d’analyses qui permet une compréhension plus fine face à cette réalité sans tomber dans un misérabilisme rapide.En règle générale, quand le pays n’a pas pris d’option radicale pour la mise en place d’une politique de scolarité, les pratiques anciennes perdurent, c’est à dire :

• le travail de l’enfant : une priorité financière pour les familles pauvres
• la valorisation de l’apprentissage précoce, pour entrer rapidement dans la vie active
• un sentiment profond pour l’enfant de participer à la vie sociale

Même si les cultures sont différentes, le poids de la mondialisation est un puissant levier qui maintient toute une frange de la population pauvre sous l’emprise d’une économie galopante.« Affronter les causes endémiques de la pauvreté, repenser l’économie : à ces conditions, la fin du travail des enfants cessera peut-être un jour d’être un utopie hors de portée, pour devenir, à terme, un objectif raisonnablement envisageable. ».

Conclusion d’un livre qui replace notre questionnement face à cette plaie mondiale hors de la simple réaction instinctive et humaniste.Un livre à lire en urgence pour un décodage plus fin des réalités de terrain.

Aux éditions La découverte, collections repères.

Laurent