J’avais découvert Yasmina Khadra avec un de ses précédents livres : Les hirondelles de Kaboul (avec L’attentat et Les sirènes de Bagdad, il fait partir de la trilogie que l’auteur consacre au dialogue de sourds opposant l’Orient et l’Occident ). Je l’avais trouvé tout simplement excellent. Puis je l’avais suivi au travers de ses publications. Et j’ai fini par découvrir que c’était un Homme. Oui, c’est ridicule, avec le prénom de Yasmina, je pensais que c’était une Femme. Cela ne change rien, mais j’ai l’air moins bête quand je parle de YasminaKhadra… 😉
Khalil est un livre très contemporain, avec comme fil conducteur les attentats kamikazes…pas simple somme sujet.
Il relève le défi de se mettre dans la tête dun terroriste, d’entrer dans la banalité du mal sans porter du jugement, telle est lambition de son dernier roman.
Contrairement à dautres écrivains qui traitent de lislamisme en reprenant confortablement les discours essentialistes ou islamophobes, Yasmina Khadra prend des risques : celui de faire preuve de neutralité voire dempathie à légard de ce jeune terroriste belge dorigine marocaine, venu de Molenbeek qui devait mener une opération kamikaze dans le RER parisien.
On songe, à la lecture de Khalil, au best-seller de Truman Capote : De sang froid.
Cest effectivement de sang-froid quil plonge dans la tête dun kamikaze made in Europe, un jeune paumé qui devait sexploser et commettre un carnage. Mais pour une raison purement technique, lattentat na pas eu lieu : le système dactionnement des explosifs était défaillant et na pas explosé. De ce hasard où la mort ne vient pas au rendez-vous, Khalil entame une remise en question. Pas de ses propres convictions, mais de celles de ceux qui sont censés partager les siennes.
La mort de sa sur, la découverte des différents profils de terroristes ou de supposés guerriers de Dieu l’amène à découvrir une troisième voie…
On ne nait pas terroriste. On le devient par le concours dun certain nombre de circonstances. Les cheminements des personnages du roman ne font que conforter cette idée.
Tantôt glaçant et parfois poignant, Khalil de Yasmina Khadra est un livre à lire.
Khalil décrit avec justesse ( je pense ) ces banlieues européennes, ces ghettos où se côtoient des jeunes rejetés par le système et en quête de revanches personnelles sur la vie.
Selon leurs bagages intellectuels et leurs capitaux affectifs, chacun emprunte sa voie.