Actualités / 16 janvier, 2012

L’Egypte, d’une révolution à l’autre Aly El-Samman

 » Mémoire d’un citoyen engagé sous Nasser, Sadate et Moubarak « , sous-titre qui nous précise le parcours remarquable d’un personnage hors norme.

Si vous pensiez avoir réalisé de grandes choses dans votre vie, je vous conseille de lire ce livre, vous risquez d’être surpris.

Ne suivant qu’une seule ligne directrice, servir au mieux les intérêts de son pays, l’Égypte, Aly el-Samman connaitra tous les grands de son pays.

Il passera d’un poste à un autre en nouant des relations durables dans tous les domaines. Il ne refusera aucun défi même quand ceux-ci sont hors du champ de ses compétences (du moins le croit-il), comme la mise en place d’un service moderne de communication.

Il va côtoyer tous les grands de ce monde (Sartre, Beauvoir, Lanzmann, Soliman, De Gaulle, le Pape…), mais gardera une analyse toujours juste des instants décisifs qui marquent l’histoire.

Ce livre est un vrai livre d’histoire contemporaine où se mêlent idéologie, réflexions, intrigues et engagements.

Abandonnant sa relation avec l’État égyptien (il comprend vite que Moubarak a une vision très personnelle de la gestion « familiale » du pays), Aly el-Samman suivra sa nouvelle route, celle qui pour moi semble la plus intéressante : le dialogue entre les religions.

Faire venir le Pape Jean-Paul II à la mosquée Al-Azhar au Caire, être l’instigateur d’une saine discussion entre l’Imam Tantawi et le Pape relève d’un tour de force et d’une grande obstination pour les grandes causes. Les chapitres sur les applaudissements des Ulémas sont saisissants, les frissons ne sont pas loin. L’auteur nous projette au cœur de l’action.

Dans une sortie de guerre avec Israël, il arrivera à faire asseoir à la même table pour discuter, des chrétiens, des musulmans et des juifs, avec un seul but : promouvoir la tolérance et la compréhension entre les peuples et les religions.

A une époque où les fondamentalistes de tout poil prennent la parole pour brasser de l’air en noyant les orateurs de termes creux emplis de populisme je me plais à citer Aly el-Samman qui écrit :

•  » Gad el-Haq (grand Imam d’Al-Azhar) me rappela avec malice que le premier commandement d’Allah dans le Coran était « Lis« , et non « Parle« ! « .

Cette phrase résume très bien les dérives actuelles.

La fin de son livre nous projette dans les tourments de l’Égypte d’aujourd’hui :

• l’islamisme
• les frères musulmans
• les salafistes
• la charia

L’auteur n’a pas peur de faire référence au soufisme dans son dernier chapitre pour demander à tout un chacun d’écouter son cœur et d’intégrer la tolérance comme pilier central de toute démocratie.

J’espère qu’il sera entendu !

Un livre publié au éditions  » du Rocher «