Deosai (ski) – Le retour…
Direction le plateau du Deosai pour une nouvelle découverte.
Toujours grâce à l'indépendance que procure le ski-Pulka.
C'est parti...
Sorti le 20 septembre, en librairie….vous attendez quoi pour vous le procurer.
Attention j’ai bien écrit en librairie…ne vous trompez pas.
Bonne lecture pour cette revue qui reste parmi les must.
Laurent
Edito du numéro 4 :
Deux polémiques dont le photojournalisme a le secret ont surgi cet été. La première concerne le photographe américain Ron Haviv, vétéran du reportage de guerre, de la Bosnie à la Libye. Une de ses photos un désert labouré par un char qui, au loin, prend feu a été utilisée par le marchand darmes Lockheed Martin pour une de ses publicités, surmontée dun slogan sans appel : « Le missile a touché sa cible ». La contradiction est patente entre le cynisme affiché de lindustriel et lesprit humaniste du photographe, maintes fois réaffirmé dans ses interventions publiques. Soudain, limage ne raconte plus lhorreur de la guerre mais la froide efficacité des armes. La photo na pas été volée, mais achetée. Avec laccord de lagent de Ron Haviv, évidemment. Est-ce simplement du business ou une trahison ?
La seconde polémique a été provoquée par le mensuel américain Vogue. Piteusement, la rédaction en chef a présenté ses excuses à ses lecteurs pour avoir publié un reportage glamour sur le dictateur Bachar el-Assad juste avant la répression sanglante qui sest abattue sur la Syrie. Ces images dune famille belle, riche et heureuse ont provoqué un malaise dautant plus grand quelles étaient signées par une des légendes du photojournalisme, James Nachtwey. Depuis plus de trente ans, Nachtwey a fait sienne la maxime de Robert Capa « Si la photo nest pas bonne, cest que tu nes pas assez près » , risquant sa vie sans compter, avec un courage hors du commun. Sest-il compromis pour un plat de lentilles ? Le débat oppose les gardiens de la déontologie et les défenseurs dune profession sinistrée, souvent réduite à des travaux alimentaires pour financer des expéditions périlleuses.
La mise en accusation de Ron Haviv et James Nachtwey pose la question des limites que les photographes doivent respecter. Elle souligne surtout à quel point les rôles se sont inversés. Le photojournalisme est du journalisme : raconter des histoires vraies et rendre compte du réel. Un journaliste est dabord celui qui va voir et qui raconte. Ses récits sont essentiels à notre compréhension du monde. Ils nous construisent. Ils nous permettent de relier les événements entre eux, de donner une cohérence au chaos du monde et de savoir ce qui se passe vraiment. La photographie a son génie propre lorsquil sagit de raconter des histoires. Les images simpriment profondément en nous, tandis que les blancs entre deux clichés apportent le mystère et la magie du temps suspendu. Voilà pourquoi les photojournalistes sont rapidement entrés au panthéon du journalisme. Malheureusement, la concurrence de la télévision ou des vidéos en ligne, ainsi que les logiques commerciales et financières qui se sont imposées peu à peu leur ont dénié leur rôle de « rapporteurs dhistoires » pour celui dillustrateurs ou de provocateurs. Soit ils alimentent une banque dimages fabriquées à la chaîne pour accompagner à bas coût une production standardisée. Soit ils signent quelques images isolées et radicales, pour la une, les galeries ou les affiches.
Si les photojournalistes parfois se perdent, cest quon les a privés de boussole. Pourtant, nous sommes nombreux le succès de 6Mois le prouve à dévorer leur travail lorsquil revient aux sources du métier. Cest ce lien que nous entendons cultiver, résolument. Bonne lecture.
Laurent Beccaria, Patrick de Saint-Exupéry, Marie-Pierre Subtil