Actualités / 7 décembre, 2017

Trek Val d’Aoste – Tour des Géants – Grands Combins – Jour 23

J’avais peur de finir le voyage dans de petites vallées sans vue, en finissant sans tant bien que mal cette boucle.

J’avais peur…

Eh bien, pour dire vrai, cette journée a été très variée, remplie de divers évènements.

La première partie se déroule d’alpage en alpage, entrecoupée de bois où coulent de multiples torrents.

Tout avait l’air simple, mais cela ne nous a pas empêché de nous égarer. A Chenessy, les deux chemins sont balisés du même jaune, chacun a donc pris une voie différente. Un peu de temps perdu, quelques aller-retours pour nous retrouver, une bonne engueulade pour moi…et nous avons repris le bon itinéraire. Oui, c’est moi le guide…je ne dois donc pas perdre les autres ;-)…

Retour dans le droit chemin vers le fond du vallon.

Derrière nous le Mont Rose et le Cervin dominent l’horizon, il faudrait presque marcher à reculons, pour profiter du panorama.

Ces deux montagnes radicalement différentes se détachent très nettement des sommets environnants.

Le sentier quitte subitement son axe pour se diriger vers le col, c’en est fini des sommets enneigés.

Le pierrier est plus ou moins balisé. D’anciennes marques jaunes avec de plus récentes sèment une belle confusion dans l’orientation générale. Même si la présence de monumentaux cairns semble réorienter le cheminement, c’est un peu aléatoire pour une montée au col.

Les soucis débutent vraiment après le col. Le sentier n’est pas vraiment entretenu. Depuis quelques heures, on  voit  que plus grand monde ne passe par là. L’herbe est haute et non piétinée. Un endroit vraiment isolé…

Le sentier navigue à flanc, tout en dévers, et devient vite glissant avec toute cette herbe dans la pente. Par contre, les marques jaunes sont de plus en plus rapprochées, un vrai marquage routier. Est-ce pour compenser un sentier mal/peu/pas entretenu ? Il faut dire que l’on s’était habitué à ceux du Parc National du Grand Paradis, le grand confort.

Le même itinéraire par brouillard – sans parler de la pluie – peut vite se transformer en une épreuve d’orientation.

Nouveau pierrier couvert de marques jaunes, cela doit servir à tous les frappadingues du tour des géants durant la nuit. Pour nous, c’est juste des marques qui dénaturent un peu trop le pierrier.

Courte pause de midi, sur une dalle, pour faire la marmotte au soleil et c’est reparti. Le sentier est toujours aussi  » bordélique  » pour rejoindre le hameau de Crest.

Pour nous récompenser de ces efforts, des champs de myrtilles nous attendent, c’est l’orgie. Doigts, lèvres et langues prennent cette belle couleur violette.  » Non, je vous jure, je n’ai rien mang酠»

A partir de ce point, le sentier devient large et facile à suivre. Je laisse mes jambes aller à leur rythme, mes pensées vivent leur vie.

J’en oublie encore que nous sommes deux. Re-enguelade, j’avais laissé un sérieux écart…bon ce n’est pas mon jour, voilà tout.

Allez Laurent, on se reprend, et direction le village de Crest. Un effort de reconstruction a été réalisé, même si des pans entiers du village sont quasi en ruine.

Une maison a été transformée en dortoir douillet, avec 9 couchages au premier étage, toilette douche et salle à manger en bas. C’est vraiment très bien réalisé.

Par contre, les clés sont dans l’autre partie du village, bien plus bas…c’est aussi là que se trouve le restaurant.

Il faut donc aller les chercher, et remonter. Idem pour le repas du soir…

Par contre, pour le petit déjeuner, il y a une alternative qui permet de récupérer directement l’Alta Via 2.

Demain, dernier jour de cette randonnée en boucle de 24 jours, pas mal, pas mal…

Après discussion avec les gérants de l’hébergement, j’ai compris pas mal de choses. Le Tour des Géants ne passe pas par là. Le chemin est donc en piteux état, car non entretenu pour la course et demain, ce devrait être de même.

La raison est politique…on n’en saura pas plus. Les coureurs restent près de la route, en empruntant de petits chemins parallèles.

Par contre pour l’Alta Via 2, ce village de Crest, c’est vraiment le lieu où s’arrêter.

Le repas du soir est incroyable, et fait maison :

• charcuterie locale en entrée
• gnoquis
• gaspacho de bœuf maison
• fromage frais avec confiture de courgettes
• pâtes avec crème et lardons fumés
• rôti de porc et pommes de terre
• tarte…

Sans oublier le vin rouge local, servi et resservi…et pour finir, café et grappa.

Le pain est aussi maison puisqu’il a été cuit avec tous les villageois dans le grand four commun. 200 pains qui se conservent très bien en restant denses et savoureux. C’est une grande fête qui réunit tous les habitants de ce hameau et ceux des environs. Une période festive pour une vallée très isolée.

Si vous évitez cet arrêt, c’est une grosse erreur, je dirais même impardonnable…

Fin du jour 23…

Laurent