Du voyage rêvé au tourisme de masse – Thomas Daum, Eudes Girard
Je vous présente la 4e de couverture :
» Du delta du Mékong aux chutes dIguaçu, de la côte néo-zélandaise à la mystérieuse Persépolis, ils avancent, sac au dos, ticket à la main et téléphone portable en guise dappareil photo : ils sont les nouveaux explorateurs de lespace mondial, occidentaux depuis longtemps, maintenant chinois ou russes, demain nigérians, un jour peut-être nord-coréens
Ils sont les touristes internationaux : 800 millions chaque année à parcourir le monde après lavoir rêvé. Confrontés à la monotonie des artefacts que lindustrie touristique répète à linfini sur des circuits toujours plus balisés, beaucoup dentre eux rêvent despaces à lécart, d » authenticité « , de rencontres avec des sociétés » préservées « .
Mais comment échapper à la canalisation des flux et au marketing des agences de voyages qui adaptent sans cesse leur stratégie à cette soif de dépaysement ? Cest cette tension, à la fois humaine, culturelle et spatiale, quinterrogent Thomas Daum et Eudes Girard. Écolodges, écotourisme, cabanes » tout confort « , gîte à la ferme, tourisme » citoyen » ou » humanitaire « , mise en scène de soi à travers les blogs de voyage
Autant de nouvelles pratiques révélant l » illusion du local « , la soif inextinguible de décentrement qui tenaille limaginaire et les fantasmes du touriste mondialisé. »
Le thème vous rebute, une publication au CNRS vous fait peur, deux agrégés en géographie vous donnent des sueurs froides….
C’est une grosse erreur, ce livre permet de décrypter le tourisme actuel.
Depuis toujours je cherche à vous faire découvrir des destinations oubliées du tourisme, des lieux vraiment isolés. Je vous assure que c’est un combat de tous les jours.
Lorsque le tourisme frôle le milliard de personnes, il est à douter que les petits coins perdus ne soient pas à l’ordre du jour.
Il faut organiser, canaliser et leur faire visiter ce qu’ils connaissent déjà, par lintermédiaire des multiples publications et de tout ce que l’on peut lire sur internet.
Vous savez :
Les 10 plus belles plages du monde
Les 20 plus belles îles
Les 30 plus beaux villages, ponts, châteaux…
Ça marche quasiment toujours par paquet de 10, incroyable, non ?
Vraiment absurde…
Je ne peux pas vous cacher que cela m’arrange, j’ai tout le reste du monde pour être tranquille.
Si vous n’êtes pas sûr que l’on vous propose un voyage mondialisé, il suffit d’en chercher les mots-valises du tourisme mondialisé :
Artisanat : structure économique rêvée pour rapporter des témoignages matériels de » l’authentique « . Se révèle bien souvent de production industrielle, hier chinoise, aujourd’hui bangladeshie, demain nigériane…
Authentique : Graal inaccessible aux autres, que l’on est certain de trouver soi-même, et qu’on se forcera à voir coûte que coûte dans les derniers jours du séjour.
Bon plan : processus de distinction des masses touristiques pour se sentir plus malin que les autres et tenter de dénicher » l’authentique « .
Centenaire : âge minimum conférant à un arbre son authenticité et par là même donner lillusion que le lieu visité est » directement » surgi du passé.
Chez l’habitant : la condition de l’authentique : loger chez un habitant du lieu, avec une vraie maison, une vraie famille, un vrai métier, de vrais voisins… Être habitant est presque devenu un métier.
Faire : « On a fait le Machu Picchu » (j’aurais préféré de la poterie…) Logique égocentrique où la seule présence du touriste construit véritablement un lieu et le fait, enfin, exister …
Il faut reconnaître que le tourisme de masse préfère de loin la foule rassurante des autres touristes à langoissante solitude. Ils apprécient que dautres les y aient précédés plutôt que lexcitation dy être le premier, et les boutiques de souvenirs plutôt que de ramener frauduleusement quelques morceaux de temple !
En revanche, il est indéniable que le véritable exotisme nest pas celui généré par lindustrie touristique, mais celui qui simpose à nous de façon inattendue. A la condition daccepter de désorganiser nos voyages et de refuser le diktat du temps de façon à y laisser le hasard y jouer un rôle croissant pour tenter de retrouver ce goût du dépaysement et du réenchantement du monde.
Mais ça, c’est une question de choix personnel.
Il y a bien longtemps que je ne me pose plus cette question…
Le rêve…
Il est à souligner que l’âge d’or du tourisme de masse touche peut-être à sa fin. Les populations commencent à se rebiffer contre cette invasion. Par contre elles rentrent en conflit direct avec une industrie puissante et des pouvoirs locaux qui sont longs à s’adapter…ou se réadapter.